Autofuck : la petite bête virtuelle qui monte, qui monte…

Autofuck : la petite bête virtuelle qui monte, qui monte…

Chaque semaine dans les «400 culs», Agnès Giard, anthropologue rattachée à l’université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon, passe les discours et les pratiques sexuelles contemporaines au crible d’une analyse sceptique et distanciée, nourrie par les dernières recherches en sciences humaines et sociales.

«Dis, tu pourrais pas me faire un tube qui passe à travers un anneau, qui se change en tube, et comme ça, réciproquement, pour que les deux se passent dedans à tour de rôle ?» Au départ, en 1995, Jérôme Lefdup, plasticien et réalisateur résidant à Montreuil (Seine-Saint-Denis), avait juste cette idée bizarre d’une mécanique perpétuelle pour animer les montages délirants qu’il faisait pour la télévision. «La reine de la 3D à l’époque, c’était FarraH Diod, artiste transgenre, bête de création sur un ordinateur qui s’appelait Amiga, bref. Quand je lui parle de mon objet, FarraH répond, ravie : “Un autofuck ?”» Quelques jours plus tard, le voilà modélisé. «L’autofuck, j’ai l’habitude de dire que c’est un peu l’enfant que j’ai eu avec FarraH.» Interrogé au téléphone, Jérôme Lefdup, 63 ans aujourd’hui, marque un temps d’arrêt lorsqu’il évoque son amie, emportée par le sida en 2012. Il reprend. «Trente ans plus tard, les autofucks prolifèrent. Il y en a en métal, en léopard, en mousse ou en serpent. Ils ne cessent de s’interpénétrer

Auteur : Agnès Giard

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