Il est plutôt rare de voir abordées ensemble les notions de cancer et de sexualité. Laure Bouquery, sexologue à Bruxelles, insiste sur l’importance de briser les tabous autour de la sexualité dans la maladie et d’oser enfin les associer. « Paradoxalement, on a tendance à opposer ces deux termes, et pour cause : tandis que l’un évoque la mort et la perte, l’autre symbolise la vie et le bonheur. Pourtant, les personnes atteintes d’un cancer, ou en rémission, recherchent des instants de bien-être, d’où l’importance d’aborder cette question de la sexualité en cancérologie. Bien sûr, certaines personnes ne sont pas dans une énergie vitale très débordante et ont la libido coupée par les traitements. Mais pour d’autres, une bonne santé sexuelle contribue à la santé globale et au bien-être« , détaille-t-elle.
Seulement, l’intimité et la sexualité des malades peuvent souffrir des effets secondaires des traitements, qui sont nombreux. S’ils ne sont pas systématiques, ils peuvent altérer fortement la vie affective des patients lorsqu’ils se manifestent. De nombreux professionnels et soignants déplorent aujourd’hui le tabou qui entoure ces troubles, que de nombreux patients découvrent sans qu’on ne leur en ait parlé auparavant. Laure Bouquery regrette que la sexualité soit d’ailleurs si peu abordée dans les institutions de soin, alors qu’on connaît pourtant les conséquences importantes des traitements sur le corps. « Certains membres du corps médical n’osent pas en parler aux patients, soit parce qu’ils ne sont pas formés, soit par pudeur. Certains manquent aussi de temps, avec les nombreuses consultations qui s’enchaînent… Les patients, quant à eux, sont pris par leur bataille pour la vie et oublient souvent d’aborder ces questions« , regrette-t-elle.
Auteur : rtbf.info@rtbf.be (Lou Janssens)
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